L’ATTAQUE VECUE PAR UN COMBATTANT
Nous venons de voir dans la page précédente comment les officiels appréhendaient et décrivaient la situation ce 27 décembre ou dès le lever du jour les prussiens déclanchèrent un bombardement nourri sur le Plateau d’Avron . Ces récits ont laissé transparaître une situation particulièrement critique et décrit la supériorité prussienne . Voyons maintenant ce qu’en dit dans ses souvenirs « notre soldat » auquel nous avons emprunté les écrits pour rapporter dans les pages précédentes des évènements du quotidien sur le Plateau d’Avron occupé par les troupes françaises.
A l’heure du déclanchement du feu des batteries prussiennes il faisait sa toilette dans les combles d’une maison qui servait de poste de garde et d’obseration dans l’actuel quartier de Beauséjour , c'est-à-dire à en arrière des batteries françaises qui se trouve en première position sur la pointe de « l’éperon » Est d’Avron . Voici ce qu’il écrit : «… Le 27 , à 7 heures du matin j’ai gagné les combles de la maison de notre poste pour faire ma toilette. Je commençais à me rhabiller , il pouvait être 8 heures quand j’entendis un bruit étrange . J’en fais aussitôt la remarque à un camarade : il n’a rien perçu . De nouveau je suis frappé par le bruit d’un obus qui passe très près de nous , quoique , depuis longtemps nous soyons habitués à cette musique : toute la journée , des obus de Nogent décrivent leur parabole au dessus de nos têtes ; Il n’y a plus de doute possible : ces projectiles ne viennent pas de chez nous , c’est au contraire nous qui les recevons . C’est le bombardement en règle annoncé depuis longtemps . Nos prévision se sont réalisées , quoique l’Etat Major n’ait jamais voulu croire à la possibilité de construire les batteries que nos grand’gardes ne cessaient de lui signaler ! Les Prussiens ont travaillé pendant plus de quinze jours , et la dernière nuit leur a suffi pour faire les abattis et démasquer de formidables batteries / …. Je retrouve mes camarades et vais au jardin avec Thirion , un de nos sergents , qui ramasse un tout petit morceau d’obus dégageant une forte odeur d’acide sulfurique . Le bombardement continue comme cela toute la matinée : les obus font maintenant un vacarme épouvantable…../ … Nous mourrons de faim : pas une croûte de pain nous mettre sous la dent …. Si l’ont joint à cette privation capitale , l’état d’énervement bien naturel ou nous sommes , puisque nous recevons des projectiles sans pouvoir en rendre , rien d’étonnant que nous trouvions le temps long …/ …. De notre côté , le feu s’est ralenti sensiblement vers 4 heures de l’après midi . La soirée se passe tranquillement. »
En fait quand il dit que la soirée se passe tranquillement …c’est par rapport au bombardement , car dans la suite de son récit , ce brave garde mobile raconte n’avoir dormi que quelques heures pour faire une patrouille dès 2 heures du matin …et il écrit : « … Nous espérons goûter un peu de repos après 40 heures de grand’garde . Nous ne tardons pas à être désabusés. »
Il a de quoi être « désabusé » et épuisé car nous sommes aux premières lueurs du matin du 28 Décémbre ou les tirs de l’artillerie prussienne vont reprendre leur canonnage méthodique et nourri du Plateau d’Avron :
Les jours se suivent et la situation va empirer ….
Page précédente : l’attaque du 27 Décembre1870 |
|
|||