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L’ATTAQUE – LES BOMBARDEMENTS

27 Décembre entre 7h30 et 8h00 par -20°

Le froid ce jour là était encore plus rigoureux que les autres jours, et suivant les récits de ceux qui y étaient il faisait entre –15° et –20° . La nuit la neige était tombée et menaçait de tomber à nouveau . La terre était gelée profondément et nos soldats s’apprêtaient à poursuivre avec beaucoup de difficultés les travaux de consolidation des batteries et la réalisation des tranchées pour s’y protéger .

 

Dans ce décor sombre de matin d’hiver les prussiens déclanche un bombardement général du Plateau d’Avron depuis leurs batteries installées dans toutes leurs positions faces aux nôtres depuis Le Raincy , Gagny , Chelles , Gournay , Noisy le Grand ….jusqu’à Nogent .

Le Général VINOY DECRIT L’ATTAQUE

 « …Tout à coup, à huit heures du matin, une forte canonnade se fait entendre : les Prussiens ont démasqué leurs batteries et ouvert le feu . La principale action de leur tir est , comme on s’y attendait , dirigée sur Avron ; mais les batteries atteignent aussi Rosny et Nogent qui flanquent la position du Plateau . Le tracé et la disposition des travaux prussiens avaient été savamment conduits et la forme du terrain habilement utilisée par eux ; aussi dès le début de l’attaque , le Plateau d’Avron se trouva-t-il être le centre d’un feu convergent d’une violence et d’une intensité extrême./ …..Les batteries ennemies formaient une demie conférence ( du Raincy à Nogent) d’une étendue de 14000 mètres dont Avron occupait le centre . Le Plateau était attaqué par 14 batteries représentant à peu près 60 pièces . »

UN FEU NOURRI SUR AVRON

Le Général précise par ailleurs dans son livre «  la Marine au Siège de Paris » que cette fois il ne s’agissait plus de canons légers de l’artillerie de campagne, mais de gros canons . Toutes les batteries tiraient en même temps et le Plateau fut couvert par une pluie d’obus de gros calibres lesquels projetaient en explosant de nombreux morceaux de terre gelée, en plus de leurs éclats métalliques . Reprenons les mots du Général :

 

« …Nos batteries du plateau tentèrent de riposter , mais elles étaient dans des conditions évidentes d’infériorité comme position , nombre , calibre et portée. Cette supériorité de l’ennemi nous donna même à craindre qu’après avoir pu facilement constater notre faiblesse défensive , il ne cherchât à faire succéder contre la position (*) une attaque d’infanterie à celle de son artillerie . En prévision d’une semblable conjoncture le commandant en chef envoya au Général d’Hugues les deux bataillons de la brigade Blaise qu’il avait gardé auprès de lui comme réserve . «  (*) autrement dit le Plateau d’Avron

Le gouverneur de Paris , le général TROCHU informé de la situation n’y prêta que peu d’attention . Pour lui il ne s’agissait que d’une mesure de diversion des Prussiens pour passer la barrière du Plateau , mais ils seraient arrêtés à Noisy le Sec …et il ordonnait de se maintenir sur le Plateau d’Avron !!!

Malheureusement le Plateau d’Avron était bien l’objectif des batteries prussiennes et nos troupes subirent un déluge d’obus et des pertes humaines de plus d’une centaine d’hommes le premier jour.

  Le Général d’Hugues qui avait établit son état major sur le Plateau d’Avron adressa quant à lui le message suivant au Général Vinoy  «  …la position est très difficile à tenir , beaucoup de pertes , le moral des troupes est très affaibli ….Situation très grave »

SITUATION TRES CRITIQUE

 Alarmé par ces tristes propos , le Général en chef Vinoy écrivait de son côté au gouverneur de Paris (le Général Trochu) une lettre détaillée dont voici quelques extraits :

« …Je ne dois pas vous laisser ignorer que la position du Plateau d’Avron peut devenir très critique d’un moment à l’autre / …. Depuis que je suis ici j’ai dû aller au plus pressé , faire établir des travaux pour les batteries d’abord ; mais celles des défenseurs n’ont pu l’être encore , un simple fossé les abrite . La nature du sol est rocheuse , il est très difficile de s’y enfoncer . la gelée est venue apporter un nouvel obstacle . Nous n’avons pour défendre ces positions que de jeunes troupes dont le moral n’est pas très solide et notre artillerie me parait bien faible pour répondre au gros calibres de l’ennemi. »

Il faisait par ailleurs part de son interrogation quant à savoir si la nécessité de la défense de Paris exigeait absolument de se maintenir dans la position avancée du Plateau d’Avron.

Il expose également un « incident » survenu lors de ce bombardement : « Dans la matinée un obus est tombé dans la maison occupé par des officiers de l’Etat Major du 6 ème bataillon de gardes mobiles de la Seine entrain de déjeuner . Le commandant a été blessé , trois capitaines ont été tués , ainsi que l’aumônier Henri Gros (31 ans) . Le sergent secrétaire , lui , a été très grièvement blessé . Des gardes mobiles affolés ont tenté de s’enfuir …mais ont été ramené par les troupes qui étaient en arrière… »

  Pour l’information des mélomanes : quelques années plus tard , en Août 1875 le compositeur Guilmant composait à Sèvres une pièce pour orgue (Opus 45-54) sous le titre « Lamentation en ré mineur » avec la dédicace suivante : «  à la mémoire de mon ami l’Abbé Henri Gros , Aumônier volontaire du 6 ème Bataillon des Mobiles de la Seine , tué par un obus au Plateau d’Avron , à l’âge de 31 ans le 27 Décembre 1870 ( Bombardement de Paris) »

Nous sommes en décembre et la nuit tombe très tôt, vers 16 heures et les tirs prussiens cessent …mais ceux-ci en profitent pour déplacer certaines de leurs pièces pour déjouer une éventuelle riposte des nôtres sur leurs positions qui auraient pu être relevées dans la journée . Les stratèges prussiens ne laissaient rien au hasard .

 

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