JOURNEE DU 28 DECEMBRE 1870
UNE CANONNADE NOURRIE« Aux premières lueurs du jour , la canonnade recommence de plus belle ; des projectiles viennent de partout et éclatent avec des sifflements sinistres autour de nous …/ …Il fait très froid , la neige tombe et nous mourrons de faim . /…. Les obus arrivent drus , impossible de les compter .//… » C’est ainsi que « notre garde mobile » décrit le début de la journée du 28 Décembre .
Les soldats sont dans l’impossibilité de bouger car dès qu’ils se mettent à découvert ce ne sont plus les obus qu’ils doivent craindre mais les balles des fusils prussiens embusqués au pied du Plateau d’Avron du côté de Villemomble. Plus loin dans son récit « notre garde mobile » s’interroge néanmoins de ne pas entendre nos canons riposter et les informations qui circulent de bouche à oreille ne sont pas réconfortantes : « …nous sommes surpris de voir nos batteries rester silencieuses . Le bruit court que les munitions manquent mais que malgré le mauvais état des chemins , on en montera pendant la nuit. Le feu des prussiens continue toujours : ils tirent dans toutes les directions ,du Raincy et de Chelles . Cependant la nuit le feu languit » Dans les rapports officiels ,on ne raconte pas autre chose . Dans l’un d’eux on relève cette phrase qui rejoint ce qu’a écrit le garde mobile : « Au point du jour , les prussiens ouvrirent leur feu avec non moins de violence et de précision que la veille et sans discontinuer du matin jusqu’au soir. »
CURIEUSE STRATEGIE DE NOTRE ARTILLERIELe fait que nos soldats n’entendaient plus tonner nos canons et s’en inquiétaient était la conséquence d’une tactique délibérée de nos stratèges qui avaient décidé de ne pas faire fonctionner notre artillerie qui avait été déplacée et mise à l’abri derrière les épaulements de protection. Quant aux artilleurs on leur avait demandé de demeurer en place toute la journée dans les tranchées gelées et enneigées derrière des parapets …à proximité des magasins à poudre qui avaient été touchés par des éclats et qui menaçaient de sauter à tout moment . Le but de cette « stratégie » était de faire croire aux Prussiens que nous ne disposions plus de moyens au niveau de l’artillerie et ainsi déclencher une offensive de leur infanterie sur le Plateau d’Avron …ou on les attendrait de « pied ferme »… !!!
LE Général TROCHU AU PLATEAU d’AVRONVers midi , ce 28 Décembre , le gouverneur de Paris , le Général TROCHU qui avait reçu la lettre alarmante du Général VINOY commandant en chef des troupes , arrivait sur le Plateau d’Avron pour se rendre compte par lui même de la situation. Le feu de l’artillerie prussienne était à son maximum ….à croire que les prussiens étaient informés de la présence de Trochu. Le constat fait par ce dernier était que la situation était effectivement très grave et très préoccupante. Ayant rejoint le fort militaire de Rosny il réunit aussitôt un conseil de guerre dans une casemate du dit fort…… ABANDONNER OU NON LE PLATEAU d’AVRON ??Le seul sujet à l’ordre du jour de ce Conseil de Guerre était: faut-il conserver la position du Plateau d’Avron et alors ramener des troupes fraîches et du matériel ? La possession du Plateau d’Avron était-elle réellement d’une importance assez grande que nous dussions y consacrer une garde de plusieurs divisions et nous résigner à des pertes humaines journalières aussi importantes que elle déjà enregistrées ?? Après bien des considérations stratégiques et géographiques et s’appuyant notamment sur la présence des forts de Rosny et de Noisy en arrière, le constat fut fait de dire que la position du Plateau d’Avron était loin d’être indispensable à la défense de Paris et que son abandon ne la compromettrait en rien . En fait les troupes et l’artillerie en place sur le Plateau d’Avron a bien conduit à contenir les Prussiens et à ralentir considérablement leur avance vers la capitale….mais il faut rappeler qu’à fin Décembre Paris était affamé et que Trochu empêtré dans la politique , avait déjà une âme de vaincu puisque Paris était par ailleurs encerclé par le Nord ,l’Ouest et le Sud . De ce Conseil de Guerre il ressortit qu’il y avait urgence à abandonner le Plateau d’Avron au motif suivant extrait du rapport officiel : « …que la prudence conseillait donc de mettre fin aux sacrifices inutiles que la possession du plateau nous avait coûté depuis deux jours , en l’évacuant immédiatement » Trochu ordonna de faire évacuer le Plateau pendant la nuit même ( celle du 28 au 29 décembre) et l’Arsenal de Vincennes fut prié de mettre à disposition des troupes du Plateau d’Avron tout le matériel nécessaire à l’évacuation des pièces d’artillerie.
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