L’EGLISE DU PLATEAU d’AVRON « NOTRE DAME DE L’ASSOMPTION »
Le projet d’édifier une église sur le Plateau d’Avron remonte aux années 1926 / 1927 . LES DEUX « ARTISANS» DE NOTRE DAME D’AVRON On ne peut parler de l’église avronnaise sans citer Mr André COMMECY (1886-1980) fervent catholique et personnalité locale née au Plateau d’Avron dans la maison familiale dans la Grande Avenue ( devenue Daniel Perdrigé) et dont le parc de chênes centenaires a été loti depuis les années 1980 . Il était localement un animateur très actif de la foi catholique et un fervent défenseur du site d’Avron. Il fut ,aux cotés de l’Abbé Laforge , l’un des artisans de la réalisation de Notre Dame de l’Assomption (appelée également Notre Dame d’Avron) AVRON DEDIE A LA VIERGE MARIE Le prêtre de l’Eglise Saint Sulpice à Paris fondateur du Séminaire du même nom ( voir pages sur le Séminaire d’Avron) , Jean Jacques OLIER, dans un courrier qu’il adressait en l’été 1653 son ami l’ecclésiastique Alexandre Le Ragois de Bretonvilliers qui se trouvait en résidence dans le Château d’Avron propriété de son frère ,par héritage , écrivait son souhait de transférer provisoirement le séminaire de Vaugirard à Avron : « J’espère vous voir bientôt dans Avron , si M.votre frère l’a agréable, pour y dédier ce saint lieu au plus tôt à la Reine des Apôtres et y commencer notre première retraite à son honneur et celui de son cher Fils . Là s’il plait à Dieu , nous nous fortifierons tout à loisir ». Ce ne fut que le 15 Aout 1862 que le Plateau d’Avron que Mr de L’ISLE lotissait en parcelles , fût à sa demande béni et consacré à la Reine du Ciel ( la Vierge Marie) par le curé de Neuilly sur Marne à l’occasion de la traditionnelle procession des vignerons . Il était à l’époque une tradition , païenne celle là , qui était celle de la procession annuelle des vignerons de la région qui depuis la vallée « montaient » mi-août au Plateau d’Avron pour honorer Marie . Cette procession partait du centre de Neuilly sur Marne après un office à Saint Baudile pour rejoindre Avron par un chemin malaisé . Ce chemin prit par la suite le nom de « Chemin des Processions » qu’il porte toujours en 2007 . Ce traditionnel pèlerinage ( mi païen- mi religieux) connaissait une affluence sans cesse grandissante etdonnait lieu à des festivités (*) …durant lesquelles on honorait sans modération …la vigne et son jus . Pendant plusieurs dizaines d’année la fête annuelle du Plateau d’Avron se déroulait à la « mi-août » . (*) Rappelons que le 15 août ,fête de l’Assomption, avait été instituée en fête nationale en France par le roi Louis XIII et l’est resté jusqu’à la Révolution française . Napoléon 1 er fera du 15 Août la Saint Napoléon et cette date ne redeviendra la fête de l’Assomption qu’à à la Restauration. La République en fera un jour férié et le dogme fut proclamé par Pie XII en 1950 . En France ,elle demeure depuis 200 ou 300 ans la fête annuelle dans certaines villes et villages comme cela l’a été au Plateau d’Avron jusqu’après la guerre de 1940/1945. La consécration du Plateau à la « Reine du Ciel » ou « Reine des Apôtres » c'est-à-dire la Vierge Marie , fut en quelque sorte la réalisation du souhait exprimé en 1653 par Jean Jacques Olier auprès de son disciple Alexandre le Ragois de Bretonvilliers , souhait qui ne fut jamais réalisé en dépit de la forte dévotion de l’un et de l’autre à la Vierge ainsi qu’on peut le lire dans les pages sur le Séminaire d’Avron . LA MESSE DANS UN DANCING En 1906 l’abbé Chauvière curé de la paroisse Saint Henri située à la Maltournée s’était ému de la situation des avronnais par rapport à l’exercice de la religion . Il avait remarqué rapidement à près sa prise de fonction , que les avronnais ne descendaient pas plus aux offices à l’église Saint Henri , (*) , qu’ils ne descendaient dans le passé à l’église Saint Baudile du temps ou le Plateau était rattaché à Neuilly Sur Marne …et cela pour cause d’éloignement . Toutes tentatives renouvelées au fil des temps , par des gens bien intentionnés, de vouloir faire se diriger les paroissiens avronnais vers l’église de La Maltournée à Neuilly Plaisance ou de St Baudile à Neuilly sur Marne furent à terme des échecs et ne contribuèrent qu’à réduire le nombre de paroissiens présents aux offices sur Avron ….les mêmes causes produisant les mêmes effets qu’au début du 19èmle siècle !!! . (*) la commune de Neuilly Plaisance avait été crée en 1892 par détachement du territoire de Neuilly sur Marne et la paroisse nocéenne de Saint Henri ne fut crée qu’en 1896 Le comportement des avronnais en cette fin de 19ème et début de 20ème siècle , n’était d’ailleurs pas différent pour l’exercice du culte qu’il ne l’avait été pour l’école …. ce qui conduisit à la construction des écoles sur le Plateau ( voir ce chapitre du site dans le Menu) En ce début de 21ème siècle , une nouvelle tentative pour déroger au « passéisme » des anciens au prétexte de « modernisme » et être « tendance » vit le jour pour tenter de regrouper les églises des deux communes sous le nom de « Les deux Neuilly ». Force est de constater qu’ au fil du temps elle donne les mêmes résultats qu’au 19ème siècle…..et que de nombreux avronnais reprennent le chemin des églises plus proches de Villemomble….. « descendre » à Neuilly Plaisance n’étant jamais entré dans les habitudes avronnaises. Dans cette « tentative » il a tout bonnement été oublié que le Plateau d’Avron est une entité qui compte aussi des quartiers de Villemomble et de Rosny …( par exemple Beauséjour) dont les habitants se sont sentis écartés de la vie religieuse avronnaise ….et le denier du culte afini par en pâtir … Mais revenons à l’histoire de l’exercice du culte sur Avron et à celle de l’histoire de la construction de ND de l’Assomption . 1908 : L’Abbé Chauvière pour « compenser » cette situation…de « désertion » avait loué dès début 1908 la salle du dancing du Café-Hôtel dénommé « le Casino » au 51 Rue des Fauvettes ( Angle Rue des Caves d’Avron) pour une durée de 3 ans . ( l’église qui se trouve sur la carte n’existait bien sûr pas encore …) Par une lettre circulaire datée du 1er Mars 1908 et distribuée aux « paroissiens d’Avron » il les avait informé que dès le 5 Mars il y aurait désormais dans cette salle des messes régulières …et le catéchisme le dimanche et le jeudi . Il souhaitait dans ce courrier que les parents envoient « désormais » leurs enfants au catéchisme … .. Il sous entendait par cette phrase que l’éloignement avec St Henri à Neuilly Plaisance ne serait plus un obstacle pour le catéchisme qui se pratiquerait désormais localement ) Ainsi la vie religieuse prit « corps » sur le Plateau d’Avron .L’Abbé Chauvière « montait » donc depuis Neuilly Plaisance dire la messe dominicale au Plateau ….…et l’après midi la salle retrouvait sa destination de piste de danse …. . Le bail ne fut pas renouvelé à sa dernière échéance en 1919 et la famille COMMECY assura « l’intérim d’accueil » pour l’exercice du culte en mettant à disposition leur propriété de la Grande Avenue ( Avenue Daniel Perdrigé ) ou se célébrèrent de nombreux offices en plein air et notamment pour la Fête Dieu et le 15 Août .Ces offices étaient très suivis par les avronnais et les familles d’immigrés italiens très ferventes . Entre temps et jusqu’à ce que le Plateau eut son église en 1936 ( voir plus loin) leurs pas les guidaient sur les églises de Villemomble ou de Rosny beaucoup plus proches et plus accessibles que l’église de la Maltournée ou St Baudile, et ceci grâce au transports en commun existant à l’époque sur le Plateau d’Avron ( diligence puis service d’autobus avronnais . Voir page du site sur les transports du Passé sur Avron dans la rubrique CURIOSITES du PLATEAU d’AVRON°) Dans le même temps germa l’idée de la construction d’une église digne de ce nom pour les avronnais L’abbé LAFORGE qui avait été nommé vicaire en 1914 avait rejoint en 1919 , après la guerre , l’abbé Chauvière pour le seconder fut lui aussi « frappé » par la situation particulière du Plateau d’Avron et de ses paroissiens .. Dans ce contexte il fût amené à avoir de nombreux contacts avec les avronnais et notamment avec la Famille Commecy . La situation du « non exercice » du culte par les avronnais le préoccupait . Il succéda à St Henri à l’abbé Chauvière en 1921 et se « mobilisa » sur cette idée de construire une « chapelle » sur Avron . Sa décision fût prise après le succès des procession des 15 août 1925 et 1926 qui attirèrent une foule nombreuse sur Avron . DECISION DE CONSTRUIRE UNE EGLISE SUR AVRONL’affluence que connut cette procession annuelle en 1925 et en 1926 conduisit à une prise de conscience des catholiques avronnais sur la nécessité de construire un lieu de culte autrement plus digne que celui hebdomadaire d’une salle du dancing ….puis occasionnelle en plein air . Mais encore fallait-il convaincre l’évêché de Versailles ( le Plateau d’Avron était à l’époque en Seine et Oise) …. et l’abbé Ernest Laforge ne ménagea pas sa peine pour faire admettre cette nécessité de construire une église sur le Plateau d’Avron . En 1928 un terrain boisé avec une mare , assez central, que Mr COMMECY avait acheté à l’angle de la Grande Avenue (devenue Daniel Perdrigé) et de l’Avenue des Fauvettes fut cédé à l’évêché pour une somme de principe….( « un vrai miracle » dira l’architecte). Mais pour construire l’église fallait-il encore réunir les fonds nécessaires car depuis la séparation de l’église et de l’Etat en 1905 le financement ne pouvait plus être que le fait des fidèles ( tant localement qu’au travers l’évêché). Sur la carte postale du début du 20 ème siècle on peut voir à gauche le petit boqueteau ou l’Eglise sera construite. UNE SOUSCRIPTION AUPRES DES AVRONNAISL’évêché versaillais que l’Abbé Laforge avait eu du mal à convaincre se faisant « tirer l’oreille » une véritable souscription fût organisée auprès des parossiens et notamment des avronnais. Les jeunes des familles catholiques furent mobilisés pour aller de porte en porte pour solliciter avec l’innocence de leur âge , les « réfractaires » …. Croyants , incroyants , protestants , communistes, francs maçons ou laïques républicains d' Avron … dès 1927 mirent ainsi « la main à la poche » et pas moins de 7400 dons en tous genres ( espèces , or, argent … ) furent enregistrés . Le projet put alors prendre corps . Chacune de ces catégories d’avronnais avait bien sûr des motifs différents de vouloir cette église …mais ils en avaient au moins une en commun , celle de renforcer le caractère de petit village à ce quartier qui avait déjà sa salle des Fêtes , son école, sa poste . Aujourd’hui encore les avronnais tiennent à cet aspect de « petit village » puisque au début des années 1960 sont venus s’ajouter à ces structures collectives une maison des jeunes ( la 1 ère MJC des villes environnantes) et une mairie annexe. POSE DE LA PREMIERE PIERRELes plans du projet d’église , établis par un architecte local , Henri CONUS, furent officiellement présentés le 21 octobre 1932…et la pose de la première pierre eut lieu le vendredi 11 Novembre 1932 en présence d’un millier de personnes ( voir photo d’époque) La tradition « orale » qui nous est parvenue par l’intermédiaire d’anciens contemporains de cette construction voudrait que ce fut à cette occasion de la pose de la première pierre que l’église ait été « officiellement « dédiée » ( consacrée ??) à Notre Dame de l’Assomption . Pour d’aucun ce fut l’évêque de Versailles qui était présent à cette cérémonie …pour d’autres , en raison de la tension qui existait entre l’évêché versaillais et l’abbé Laforge à propos de la construction de cette église , cette cérémonie aurait été présidée et célébrée par Monseigneur Olichon , des missions étrangères de Paris ….et prédicateur –écrivain réputé . Il s’agit d’une transmission orale de souvenirs qu’il faut prendre avec toute les précautions d’usage en matière de souvenirs anciens dans l’attente de retrouver des écrits de l’époque . Toutefois on ne peut pas non plus exclure qu’un représentant de l’évêque versaillais ait été présent… mais que la réputation et la popularité de Monseigneur Olichon , qui était également le Directeur de l’Union Missionnaire du clergé français, ait éclipsé cette présence versaillaise. On ne peut pas également écarter la présence de Monseigneur Olichon en raison de l’existence d’une forte communauté italienne sur Avron qui aurait pu justifier que ce responsable des « missions étrangères » …se soit déplacé pour cette cérémonie de la pose de la première pierre . Nous poursuivons nos recherches de documents officiels relatant cette journée du 11 Novembre 1932 . On remarquera sur la photo ci contre prise lors de cette cérémonie qu’il y a des drapeaux français « républicains » alors même que la séparation de l’église et de l’Etat remonte à 1905 …. Etait-ce lié au fait que nous étions le 11 Novembre ….anniversaire de l’armistice…. UN CANTIQUE SPECIFIQUE POUR AVRON Pour cette cérémonie l’évêché fit écrire par l’Aumonier Léon Benoit une adaptation d’un cantique très connu « Chez nous , soyez Reine » Curieusement ce cantique fut officiellement dédié au Chanoine Chauvière (*) et non à l’Abbé Laforge auquel pourtant on doit l’édification de l’Eglise avronnaise Notre Dame de l’Assomption . D’après quelques « anciens » qui ont vécu cette époque, pour eux c’était une façon de montrer à l’Abbé Laforge que l’évêché n’avait pas beaucoup apprécié le « forcing » que ce dernier avait fait pour arriver à ses fins . « Les rancunes ecclésiastiques versaillaises étaient tenaces » nous a dit un vieux paroissien avronnais qui nous a précisé qu’on continua par la suite à lui faire payer son audace en le mettant à la retraite de façon un peu cavalière , ce dont il souffrit énormément en secret tant il était attaché à sa paroisse et notamment à « son œuvre avronnaise » . ( voir page suivante ) (*) Le Chanoine Chauvière avait quitté en 1921 la paroisse nocéenne St Henri dont il était curé .. …c'est-à-dire 11 ans auparavant alors que l’on ne parlait pas encore d’édification d’une Eglise sur Avron . Ce cantique ne comportait pas moins de 17 couplets …avec à chaque fois reprise du refrain. A titre informatif nous reprendrons ci dessous quelques uns des couplets significativement adaptés à la circonstance et au lieu :
LA CONSTRUCTION DE L’EGLISE La tradition orale veut que l’architecte se soit inspiré d’une chapelle bretonne située dans le Morbihan dont la voûte représenterait une coque de chaloupe retournée. . La construction ne fut pas réalisée en granit breton …mais en béton matériau qui avait été mis à la mode par les frères Perret au début du 20 ème siècle pour la construction de nombreux édifices ( voir l’église de Le Raincy ou le clocher de Villemomble) . A l’observation la voûte réalisée en briquettes apparentes rappelle effectivemet une coque de chaloupe renversée . Enfin certains voient dans l’édifice des touches d’art baroque des années 1920 . On ne prendra pas position sur ces appréciations ….. Cette église est en tout état de cause une belle réalisation visible de loin et désignant à tous la situation du Plateau d’Avron comme dans le passé un village se repérait à son clocher .
Enfin compte tenu de la nature du sol marécageux et spongieux du terrain qui avait été apporté par Mr Commecy ( c’était un petit boqueteau avec une mare) , l’édifice repose sur une trentaine de pieux en béton profondément enfoncés dans le sol jusqu’au gypse sur lequel ils s’appuient . Il s’agissait à l’époque d’une technique d’avant garde …..qui ne manqua pas de surenchérir le coût de la construction , lequel finit par s’établir lors du bilan final à 697000 frs …de 1934 L’ architecte , Henri CONUS , fit participer à la construction un maximum d’entreprises et d’artisans avronnais : Rames , Sanglier , Teinturier ….etc . De nombreux ouvriers maçons, menuisiers ébénistes , carreleurs et mosaïstes étaient issus de la communauté d’immigrés italiens implantés au Plateau d’Avron depuis la fin du 18 ème siècle ( Voir « les Ritals » dans le livre Dis Papy C’est Quoi le Plateau d’Avron ?) Ci contre l’église en construction avec les échafaudages en bois comme cela était la technique à l’époque LA BENEDICTION DE L’EGLISEL’église dédiée à la Vierge Marie (ND de l’Assomption) lors de la pose de la première pierre , fût bénite le lundi de Pâques (2 Avril 1934) en présence d’une foule nombreuse. Son statut était celui de « la chapelle du Plateau » annexe de l’Eglise nocéenne St Henri à la Maltournée. André Commecy écrivait à cette occasion : « Combien de travail , de dévouement, de veilles , de privations , de sacrifices représente une telle œuvre » Les tensions qui existaient entre l’évêché versaillais et l’opiniâtre abbé Ernest Laforge (mais aussi avec André Commecy ) mise à construire « son » église sur le Plateau d’Avron , se sont semble-t-il atténuées au fil du temps de la construction de l’église avronnaise. Cela transparaît dans le compte rendu de la bénédiction qui est fait dans le N° 14 de la revue hebdomadaire « LA SEMAINE RELIGIEUSE » éditée par l’Evêché de Versailles avec les armoiries de l’évêque et publié le Dimanche 8 Avril1934 (Merci à Pierre Vérot qui nous a communiqué ce document.) Nous reproduisons ci-dessous le texte de l’article ou on notera qu’il est rendu ( enfin) hommage à l’Abbé Ernest Laforge pour « son » œuvre ….ce qui change avec l’époque de la pose de la première pierre ou le cantique spécifique « Chez nous Soyez Reine » avait été dédié , à la demande de l’évêché , au prédécesseur de l’Abbé Laforge qui n’était plus en exercice à Neuilly Plaisance … depuis 11 an s !!! ( voir plus haut) : « Neuilly Plaisance : Bénédiction de l’église du Plateau d’Avron. Le doyenné du Raincy, avec ses 91000 habitants ,vient le deuxième pour l’importance de la population ,parmi les 42 doyennés du diocèse . Il est loin , cependant ,d’être le mieux pourvu en fait d’églises . A part les églises tout à fait modernes ,comme l’église du Raincy, ses églises paroissiales sont de dimensions restreintes . Désormais, la paroisse de Neuilly Plaisance,cependant ,peut offrir à ses 12000 âmes , en plus de l’église Saint-Henri , qui n’est pas des plus grandes , l’église Notre-Dame que M. l’abbé Laforge vient d’élever au plateau d’Avron et que Monseigneur (*) a bénite le lundi 2 avril. L’œuvre ,certes, n’a pas été entreprise à la légère ; son exécution n’eut rien de précipité. Dès le XVIIème siècle ,M.Olier,fondateur de Saint-Sulpice et de M. de Bretonvilliers , qui avaient remarqué la salubrité du plateau d’Avron, avaient décidé d’y élever ,avec une maison de leur compagnie, une église qui serait dédié à la Sainte Vierge . Au lieu des raisons qui militaient en faveur de ce dessein , leurs successeurs envisagèrent les raisons contraires. Mais M. le Curé de Neuilly-Plaisance ,trois siècles après M.Olier , devait reprendre son idée ; (**) ce fut pour doter d’une église les nombreux habitants qui , au cours des trente dernières années ,ont établi leur demeure sur ce plateau salubre . La nouvelle église eut bien du mal , pour désirée qu’elle fût ,à sortir de terre . M. l’abbé Laforge dut en amasser péniblement le prix ; (***) depuis treize ans qu’il est curé de Neuilly-Plaisance,et maintenant encore ,il prie Dieu ,Notre-Dame ,Saint Henri et tous les saints auxquels il peut se vouer , de lui envoyer de l’aide : mais la beauté des résultats obtenus est bien faîte pour l’encourager à consommer son œuvre. De style gothique ,solidement construite de brique et de béton , la nouvelle église est signalée au loin par un fin clocher de 35 mètres. Son mobilier , encore fort incomplet , comprend des œuvres de mérite , une statue de la Sainte Vierge spécialement sculptée pour Avron par Georges Serraz , trois verrières d’un riche coloris et d’une belle inspiration ,dues au talent de M.Barillet . Une grande affluence de peuple suivit les cérémonies de la bénédiction ; entouré de son Conseil Municipal , M.le Maire de Neuilly Plaisance y assistait . On remarquait aussi , aux côtés de M.le Curé , deux personnalités de l’Enseignement libre parisien , M. le chanoine Gouget , directeur de Sainte-Croix de Neuilly , et M. l’abbé Mousseron , directeur d’Albert de Mun. Dédiée en la journée de clôture du Jubilé de la Rédemption, Notre-Dame d’Avron servira à la rédemption de beaucoup d’âmes ». Commentaires sur cet article : (*) il s’agit de Mgr Benjamin-Octave Roland Gosselin (**) ni JJ Olier ni Alexandre de Bretonvilliers n’ont eu l’intention de construire une église sur le Plateau d’Avron . Voir dans la page sur le « Séminaire d’Avron » qui a logé 18 ans dans le château du Ragois de Bretonvilliers ,château qui possédait sa propre chapelle . JJ Olier se limitât a souhaiter dédier le Plateau d’ Avron à la « Reine des Apôtres » dans un courrier de l’été 1653. (***) à cette époque l’évêché ne participait pas au financement des constructions d’églises nouvelles . Il appartenait au curé seul de trouver les fonds auprès de donateurs locaux ,comme ce fut le cas pour ND de l’Assomption qu’on notera être appelé par l’évêché dans la dernière phrase de l’article ci-dessus : « Notre-Dame d’Avron » . Avec la création en 1932 des Chantier du Cardinal , le Cardinal Verdier ,archevêque de Paris a permis de collecter des fonds plus largement pour construire et entretenir les églises nouvelles . LES CEREMONIES A NOTRE DAME D’AVRON Alors même qu’elle n’était qu’en construction les parents des petits avronnais qui faisaient leur communion dans les locaux du Casino , avaient tenus à ce que leurs enfants soient photographiés sur le chantier de Notre Dame de l’Assomption ( ou ND d’Avron) pour bien marquer leur attente de cette église .( voir photo ci-dessous ). Dès la mise en service officielle de l’église les actes religieux s’y succédèrent et donnaient lieu à des remises de certificats tel celui en photo ci-dessous que nous a confié Mr Robert Mologni (dit Kiki) que nous remercions .
ND DE L’ ASSOMPTION DEVIENT UNE PAROISSE…… Le statut de « chapelle d’Avron » ( annexe de St Henri de Neuilly Plaisance ) ne donnait pas satisfaction aux avronnais qui souhaitaient que le Plateau d’Avron soit érigé en paroisse de plein exercice. De nombreuses démarches furent entreprises auprès de l’évêché versaillais par les avronnais sous l’impulsion d’André Commecy, de Bernard Hauduroy ( conseiller Municipal) et de l’Abbé Joseph Kauffmann qui avait été détaché de Saint Henri comme « prêtre résident sur Avron » . Ils renforcèrent la cohésion des paroissiens avronnais par la rédaction d’un journal intitulé « S’UNIR » afin de marquer très nettement leur indépendance par rapport à la paroisse St Henri et à son journal de intitulé , lui : « L’EFFORT » .
……MAIS LE RESTERA-T-ELLE ?? Aujourd’hui encore tous les avronnais catholiques veillent à ce que « leur paroisse » demeure de plein exercice sur ce périmètre « intercommunal » et ce en dépit des « tentations » de regroupement de paroisses par l’évêché séquano-dyonisien …..lequel encouragé par des « progressistes- rénovateurs » … s’inscrit dans un effet de mode où les centralisations dans tous les domaines de la vie courante se multiplient…. avec des résultats qui ne sont pas toujours heureux .
Le destin joue souvent des « farces » …et il ne serait pas étonnant qu’un jour on en revienne à la période antérieure à 1890 …..et que le Plateau d’Avron , sur le plan du culte religieux , dépende à nouveau totalement de Neuilly S/Marne ….et par voie de conséquences que St Henri à Neuilly Plaisance fasse son « come back » !!!! pour se retrouver comme avant que Neuilly Plaisance devienne une commune …. L’avenir dira si cette « vision »des choses est fantaisiste ou non ….C’est du moins en marche avec la création de l’entité dite... : « les deux Neuilly »… laquelle de fait , exclue de ses paroissiens les avronnais rosnéens et les avronnais villemomblois !!! LE CLOCHER LE PLUS HAUT DU DEPARTEMENT Par son implantation le clocher de l’Eglise NOTRE DAME DE L’ASSOMPTION ( que l’on appelle aussi NOTRE DAME d’AVRON) est le clocher le plus haut de la Seine Saint Denis d’ou l’on a une vue remarquable comme s’en étonnent chaque année les visiteurs à l’occasion des journées du patrimoine.
Après la consécration de l’église en Avril 1934 ,il restait de nombreuses finition à réaliser et notamment la mise en place de la cloche. Cette mise en place eut lieu au début de la guerre et son inauguration et son baptême donnèrent lieu a une manifestation religieuse le dimanche 30 Novembre 1941 ainsi qu’en témoigne l’affiche placardée à l’époque sur les panneaux d’affichage .La cloche que l’on entend sonner aujourd’hui encore fut baptisée « Marie Henriette ». Marie en l’honneur de la Vierge Marie et Henriette en l’honneur de sa marraine Henriette CONUS , mère de l’architecte.
A cette occasion l’évêché dans sa « Chronique Diocésaine » de sa revue « La Semaine Religieuse » N° 50 de Décembre 1941 relatât l’évènement dont nous reprenons le texte ci-dessous : ( cliquez sur l’image pour l’avoir en plus grand)
A L’INTERIEUR DES PIECES D’ARTL’église comporte 26 vitraux offerts par les familles avronnaises comme en témoignent les « cartouches » qui figurent sur les plus grands vitraux au nombre de huit , situés de part et d’autre de la nef et par lesquels passe la lumière et le soleil qui vient éclairer la statue de la Vierge située dans le chœur . Ces grands vitraux représentent huit saints patrons et saintes patronnes des familles de donateurs : Henri (*), Joseph , Jacques, François de Salles , Thérèse de l Enfant Jésus , Anne , Jeanne d’Arc, François d’Assise. Sur la porte d’entrée on remarque un vitrail en verre blanc avec N A D qui signifie tout à la fois « Notre Dame de l’Assomption » que « Notre Dame d’Avron » comme on le relève sur une bannière qui était utilisée dans les processions de la Fête Dieu ou du 15 Août . Ces vitraux sont l’œuvre du maître verrier Barillet . (*) Saint patron de l’architecte Henri Conus Les fonds baptismaux , les stations du chemin de croix, les bénitiers et le reposoir des burettes ont été réalisés par le maître mosaïste Guillemaind. Malheureusement la chaire d’où prêchait le prêtre a été détruite . Elle comportait également une décoration en mosaïque et notamment une frise qui en faisait le tour Ils constituent de véritables joyaux pour l’église Un Christ en bois polychrome aujourd’hui restauré et qui figure en bonne place à gauche du chœur a été «découvert » en 1994 au milieu d’un amas de vielles chaises et de vieux bancs dans la tribune ou il avait été relégué dans le début des années 1960 ou un vent de modernité avait soufflé et ou il avait été suggéré faire disparaître des églises un certain nombre de signes qui extériorisaient la foi . Dans cet amas furent également mises à jour de magnifiques chasubles richement brodées et une bannière représentant la Vierge avec l’inscription « Notre Dame d’Avron ». Par contre à cette époque disparurent sans lasser de traces les nombreux ex-voto des avronnais remerciant la Vierge et qui étaient fixés sur les murs de l’église , un magnifique confessionnal en bois sculpté, la chaire ornée de mosaïque , la balustre séparant les fidèles du chœur l’ancien autel ainsi que de grands candélabres situés de part et d’autre de l’autel ….dont témoignent encore les anciennes cartes postales qui furent éditées à l’époque .
Enfin la statue de la Vierge qui domine le chœur est en béton teinté dans la masse . Elle est positionnée de façon a être éclairée en fin de matinée par les rayons du soleil à travers les vitraux
C’est une pièce d’art sculpté dans le béton en phase de durcissement par le sculpteur Georges SERRAZ ( 1883-1964) QUELQUES DETAILS DE LA VIE AUTOUR DE L’EGLISE A titre de souvenir nous signalerons un certain nombre de faits anecdotiques et d’évènements aujourd’hui disparus qui se tenaient dans le cadre de l’Eglise ND de l’Assomption . = dans toutes les paroisses environnantes les enfants de chœur étaient revêtus d’un chasuble rouge pour servir les offices et les cérémonies. Au Plateau d’Avron la chasuble des enfants de chœur était bleue … D’aucun disent que c’étaient pour souligner le particularisme avronnais…par rapport à Neuilly Plaisance , d’autres que c’étaient pour honorer la Vierge Marie patronne de l’Eglise et dont le « bleu » est la couleur qui lui est attribuée. Il doit y avoir un peu des deux ….. = chaque année une mission de prêtres italiens venait s’installer pendant une quinzaine de jours à Notre Dame de l’Assomption pour les immigrés bergamasques notamment ( Les Ritals) qui étaient très nombreux sur le Plateau d’Avron ( ouvriers des carrières) . Cette mission s’adressait à tous les immigrés italiens des villes voisines et si les offices quotidiens accueillaient de nombreuses « mama » , le dimanche l’église était comble……comme les bistrots environnants . Tout cela permettait de faire vivre la convivialité locale …toutes origines confondues . = une mission de deux frères franciscains venait également chaque année pour prêcher la foi au Plateau d’Avron . Cette mission dura jusque dans le milieu des années 1950 . Chaque année les familles avronnaises accueillaient les deux Frères Franciscains ( frère Michel et frère André) qui se révélaient être de …joyeux convives . A pieds dans leurs soutanes de bure marron , en sandalettes « nus pieds » et la tonsure traditionnelle , ils sillonnaient les rues du Plateau où ils passaient d’autant moins inaperçus que l’un étaient grand et maigre et l’autre ….petit et bien rond ce qui avait conduit les enfants à les surnommer « Laurel et Hardy ». = les Cœurs Vaillants et Ames Vaillantes ont connu leurs heures de gloire à ND de l’Assomption sous l’impulsion du Père Joseph Kauffmann ( surnommé Jojo ») relayé par les plus grands comme Rodolphe Fabris ,Pierre Gateau , Jean Pierre Bréda , Marcelle Fretel , Régine Barbier ..etc …etc ..) . Les réunions se tenaient dans une petite maison au fond d’un des derniers vestiges des bois d’Avron , (Angle avenue de l’Ouest et Avenue Dabiel Perdrigé) ou le grand Chef parisien des Cœurs Vaillants ,désigné sous le nom de « Manitou » venait chaque année assister au « Feu de la Saint Jean » qui était un moment important .
« ASSUMPTA EST MARIA IN CŒLUM » Cette phrase en latin figure en mosaïque au dessus du porche d’entrée .Traduction : « Assomption de Marie dans le ciel »
Nous tenons a remercier très chaleureusement Mr Dominique GILBERT , paroissien avronnais , qui dans le cadre de Patrimoine et Culture . ( Siège 41 Avenue des Fauvettes .93 360 Le Plateau d’Avron )mène une action toute particulière auprès des Chantiers du Cardinal et de l’Evêché de Seine Saint Denis pour que cette Eglise soit en parfait état Il l’a faite également inscrire à l’inventaire des monuments pour la journée annuelle du Patrimoine. Actuellement des travaux d'entretien de l'édifice sont en cours et les vitraux ont été enlevés pour nettoyage et rénovation. Une brochure est à votre disposition dans l’Eglise . = les processions : chaque années des processions avaient lieu et notamment au moment de la Fête Dieu et du 15 Août . Elles partaient du bas de la côte des Fauvettes ou les paroissiens se réunissaient dans une grande propriété aujourd’hui lotie , et remontaient jusqu’à l’Eglise Notre Dame d’Avron.
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