ATTAQUE du PLATEAU D’AVRON PAR LES PRUSSIENS
LA SITUATION LES JOURS PRECEDENT : TEMOIGNAGE La lettre qu écrivit à ses parents le 23 Décembre depuis le Plateau d’Avron , le Lieutenant commandant la 8 ème Compagnie de Garde Mobile nous décrit les lieux : D’abord le logement … « Plateau d’Avron le 23 Décembre à 9h30 du soir . Mes chers Parents ,…../ Cette vie au grand air et surtout sur ce Plateau d’Avron me rappelle sans cesse Bois Minard et la famille chérie qui l’habite avec moi en des temps meilleurs . Ma chambre a 5 m² , j’y habitais d’abord avec 7 ou 8 hommes de mes escouades. Une fenêtre regarde le midi et une 2 ème le levant. La porte est au sud-est et la cheminée en face au nord et au couchant un mur sans ouverture. Au dessus une petite terrasse à laquelle on arrive par deux échelles réunies par un fil de fer . C’est moi qui en fait une sorte d’observatoire stratégique. Notre pavillon occupe le coin gauche ( en regardant l’ennemi) d’un grand parc découpé en lots vendus par parties et qu’on nomme Village de Beau-Séjour. On y a planté récemment de petits arbres fruitiers , des pêchers ( nous sommes tout près de Montreuil) . Les poiriers sont tendus sur des fils de fer etc ..etc … enfin comme à Bois Minard et la vigne que j’oubliais . Voici le Plan du jardin gardé par ma compagnie. Puis le panorama… Depuis mon observatoire on domine le plateau de Montfermeil , la vallée qui nous sépare , on découvre à droite au loin la vallée de la Marne depuis Ville Evrard , Chelles jusqu’à porter la vue vers les hauteurs de Noisy le Grand . A gauche Bondy , la plaine ou se trouve Drancy,Le Bourget et Blanc Mesnil. Derrière ce fameux Blanc Mesnil nous avons vu toujours de ma terrasse une large ligne de prussiens , ils étaient en ligne de bataille le matin jusqu’à 2 heures , à ce moment ils se sont mis en colonne mais sans avancer…/ … En face de nous se trouve Le Raincy avec une station de tubes et Gagny à côté du mur d’enceinte dont j’occupe le coin et à gauche de ma chambre se trouvent une douzaine de canons qui ont tiré avant-hier derrière le plateau de Montfermeil au jugé , je me suis endormi au son du canon . Voici le plan en grand du Plateau d’Avron. Le lendemain il écrivait une courte missive véritable « bulletin météo » : « Plateau d’Avron 24 décembre . Mes Chers Parents , Le temps est magnifique ce matin , le froid est vif et la température a du s’abaisser à 6 ou 7 degrés au dessous de zéro cette nuit . Le dégel désagréable que nous avions il y a 8 jours a fait place à un froid intense , nous faisons du feu dans une chambre , les hommes ont construit des baraques en planches et y ont installés de poêles en partie chapardés à Villemomble . Il n’y a plus que très peu qui couchent sous la tente. Je vous embrasse bien affectueusement . Albert . Il a fait ce matin 14 degrés de froid » Pendant que dans le froid glacial nos soldats attendaient « tranquillement » après avoir réveillonné le 24 Décembre au soir ( voir pages précédentes) les Prussiens ne perdaient pas leur temps et préparaient le bombardement du Plateau d’Avron comme on le relève dans le » journal de Siège » reproduit dans l’ouvrage « La Marine au Siège de Paris » :
« …Nous sommes certains que les prussiens établissent depuis plusieurs jours des batteries sous bois au dessus du Raincy et à Gagny . Les défenseurs d’Avron ouvrent le feu sur les positions signalées, que l’ennemi a protégées contre notre curiosité par des avants postes envoyés plus près de nous que de coutume . Nous nous attendons à chaque instant à voir le Plateau bombardé , et malheureusement aucun abri important n’a pu encore être fait pour protéger nos soldats qui devront subir le feu de l’ennemi presque entièrement à découvert . Le plateau est complètement déboisé et nos troupes n’auront pour abri que leurs tranchées , ou l’immobilisme par ce froid rigoureux les fera cruellement souffrir./ »
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