LES "RITALS BERGAMASQUES" DU PLATEAU D'AVRON
En hommage et en souvenir de tous ces « ritals » qui ont œuvré dans les carrières de gypse et qui « ont fait » le Plateau d’Avron avec les entreprises de bâtiment dans lesquelles ils exerçaient tous les métiers ( maçon , plâtrier , menuisier , carreleurs ,plombier …)ou fermier. Certaines de ces entreprises existent encore et sont dirigées par des descendants de ces pionniers.Une boutade était souvent entendue à leur propos : ces « ritals » sont nés avec une truelle à la main ...
UN PETIT PEU D’HISTOIRE Au début des années 1900 les premières familles italiennes sont arrivées de façon significative en France. En particulier Paris et sa banlieue représentaient pour beaucoup d’italiens l’Eldorado : travail et vie plus facile... A Paris c’était les années folles, la belle époque….. Souvent issus de familles nombreuses et vivant dans des conditions difficiles compte tenu de la misère qui régnait en Italie les premiers travailleurs immigrés s’empressaient de faire savoir à la famille et aux amis restés au pays que la vie était meilleure en France et qu’il y avait surtout du travail , donc une source de revenus .
Dès la fin de la guerre de 14/18 ceux qui avaient survécus revirent en France très rapidement car ils y avaient laissé un travail qu’ils espéraient reprendre , parfois une famille qu’il leur fallait rejoindre ou enfin parce qu’ils fuyaient le régime fasciste de Mussolini qui prenait de l’ampleur. Ils furent peu nombreux a prétendre fuir le fascisme mais cela se révéla être un bon motif qui , malheureusement devint beaucoup plus réel ensuite à partir des années 1922/1923. L’ARRIVEE DES RITALS AU PLATEAU C’est donc à partir du début des années 1920 que l’on vit arriver plus massivement sur le Plateau d’Avron et dans les villes voisines (Gagny~ Villemomble, Rosny ,Neuilly Plaisance) la vraie vague de «ritals » . I1 y avait du travail pour reconstruire la France d’après 1914 , la main d’œuvre manquait suite aux nombreuses victimes de la guerre ( morts et handicapés) et le salaire était suffisant pour vivre ,même petitement … pas comme en Italie de l’époque . En matière de logement on se serra dans les familles , chez les amis ou encore dans les pensions de famille . . . .tenues par des italiens de la première heure... .puis petit à petit ils construisirent d’abord des maisons de fortune et mieux par la suite Avec les cousins et les alliances par mariages certains noms représentent des branches différentes d’une même origine et d’une même région d’Italie (exemple :les Biava ,les Gusmini , Mologni , ..etc..) et vivent toujours au Plateau d’Avron sans l’avoir quitté et ce pour certaines famille , pour la 5ème génération .…. (exple : les petits derniers descendants de la famille Vavassori étaient encore à l’école primaire en 2005 sur les mêmes bancs que leurs parents, leurs grands parents ….) L’EPOQUE DES « SALES RITALS » ou des « SALES MACARONIS »….. Dès 1933/34 le travail manqua et le climat devint difficile ( sales ritals .., sales macaroni , retournez dans votre pays… etc....). Entre 1940/42 compte tenu de la prise de position de Mussolini dans la guerre , l’Italie s’associa aux Allemands . Les italiens qui avaient émigrés en France entre les 2 guerres pour fuir officiellement le fascisme furent un moment considérés par l’occupant ou les « collabo français » comme des « traîtres à Mussolini »( l’allié de Hitler) et arrêtés. Pendant la guerre 39/45 bien sûr demeurèrent sur le Plateau les familles avec les enfants nés français et dont le père ,naturalisé français, s’il n’était dans les cas ci dessus , travaillait dans les carrières de gypse lesquelles continuaient à fonctionner Vieille photo vers 1925 d'un groupe d'ouvriers italiens devant l'entrée de la galerie à Neuilly plaisance. Comme dans les mines de charbon le cheval faisait partie du groupe. Il tirait les wagonnets dans les galeries. Après la guerre ,(1945/1946 ) progressivement l’immigration reprit et on vit arriver ,en raison d’une vie toujours très difficile en Italie d’après guerre, la seconde génération de ritals qui trop jeunes étaient restée en Italie lors de la première vague des années 1920. Pour eux l’implantation était plus facile …. puisqu’ils avaient comme « point de chute » un Dans un premier temps ces nouveaux arrivants prirent la relève dans les carrières avant de s’intégrer dans le tissus social . Jeunes , sans charges de famille ils se montrèrent plus entreprenant en créant des entreprises artisanales dans le secteur du bâtiment ou du commerce et embauchèrent … »des pays » Certains prospérèrent de façon significative .
Carriers bergamasques dans une galerie de gypse avec lampe à acétylène L’INTEGRATION SUR AVRON En ce qui concerne le mode de vie : les familles comptaient souvent plusieurs enfants et seul le mari travaillait. Aussi pour faire « bouillir la marmite » la mère s’occupait du poulailler , du clapier et faisait des ménages....ou des lessives dans les familles françaises bourgeoises dont il y avait un certain nombre au Plateau d’Avron . La famille comprenaient souvent le chef de famille , ses parents et ses enfants et tout ce petit monde vivait dans des conditions rudes ( pour ne pas dire rudimentaires) avec les poules , les lapins les chèvres , les canards , comme on le voit sur la photo de la famille Piccinini vers 1900 Un certain nombre des « hommes », le dimanche ( à l’époque ils travaillaient 6 jours sur 7 ) travaillaient « au jardin » le matin … et l’après midise retrouvaient dans les cafés du Plateau d’Avron souvent tenus par des italiens ( bergamasques) comme par exemple « A l’Etoile d’Avron » en haut de la rue des Fauvettes tenu par la famille Martinelli.
Un lieu de regroupement était bien connu par tous ceux qui travaillaient notamment à la carrière de Neuilly Plaisance : le Tabac Café Hotel Piccinini connu par la suite sous le prénom francisé de son propriétaire : « Chez François » Des cousins , des amis des villes voisines venaient les rejoindre , y parler du pays et y jouer aux cartes , à « l’amora » ou aux boules ….sans manquer d’ apprécier le vin local ( une petite piquette) ou en souvenir du pays de boire un mauvais vermouth ou le traditionnel Asti Spumente les jours de fête …..sans oublier , bien sûr , la traditionnelle « grappa »
La seconde génération ( les enfants des premiers émigrés) qui ont en 2008 entre 70 et 80 ans, plutôt que les jeux de cartes ou les jeux de boules ,préféraient s’adonner aux plaisirs de la danse ….Et au Plateau d’Avron il y avait 2 ou 3 petits bals du dimanche dans des cafés ….mais le « temple » de la danse était un dancing très réputé à plusieurs kilomètres à la ronde : LE CASINO …. Et là , la magie de la danse opérant, la mixité sociale et l’intégration ne posaient aucun problème …. conduisant à de nombreux mariage mixtes …. Au niveau de la vie religieuse : les italiens ( ou plutôt les italiennes ) étaient très fervents et trouvaient dans la prière le réconfort de l’éloignement de la « chiesa » de leur pays . Lorsqu’en 1932 il fut question de construire une église sur le Plateau d’Avron , qui plus est dédiée à la « Madona » ( la Vierge) les italiens participèrent nombreux à la collecte des fonds dans la mesure de leurs modestes moyens . Ce fut ensuite la 3ème génération ....celle des années 1939 à 1950, qui « occupa » le Plateau, mais pour la plupart née dans la région. On y retrouve dans les classes d’école des années d’après guerre des noms déjà connus localement avant la guerre comme les Gusmini, les Pezzoli , les Gamba, les Fortispada, les Sybella ,les Biava , les Gandossi ,les Vénuti, les Vavassori, les Gardoni , les Bosio , les Finetti , les Bréda , les Noris, les Fabris, les Flacadori , les Mutti, les Mismetti , les Musetti , les Lunini, les Grimaldi , les Miani ,les Gardoni , les Cambianica...etc. D’OU VENAIENT ILS ,, ??? Un peu de géographie ……. Au plan de 1’ « histoire » de l’émigration des habitants de cette région via le Plateau d’Avron elle concerne , à cette époque , les habitants de tous les villages de la Valle Sériana ( la vallée formée par le torrent « Le Sério » ) et de Vall’Alta.A titre d’exemple et pour ne citer que quelques noms connus au PLATEAU d’AVRON , les Vavassori sont originaires de Nembro et de Spinone , les Carrara et les Noris de Fiobbio et de Pradalunga , les Cugini de Abbazia , les Gusmini de Vertova , les Bréda de Colzate , les Pezzoli de Leffe , les Gamba de Peia, les Mologni de Bondo-Petello, les Finetti …..et tant d'autres nom ritals connus sur Avron et que l'on ne peut tous citer ici . Depuis 2001 la province de Bergamo organise tous les deux ans une rencontre internationale des bergamasques monde (« Noter bergamàsch , Incontro Internationale dei bergamaschi nel mondo) à laquelle de nombreux « ritals d’avron » ou de leurs descendants participent . La dernière rencontre a eut lieu en Mai 2007 et la prochaine aura lieu en Mai 2009 . Il existe également un « Cercle des Bergamasques » dans la région qui assure de nombreuses réunions festives , repas et des animations . Sa présidente est une descendante d’une famille de « ritals d’avron » : Mme Nanda Masserini 21 Rue Jean Jaurès 93360 Neuilly Plaisance ( Tel 01 43 00 14 86) avec laquelle on peut prendre contact pour adhérer , se rencontrer et s’inscrire pour la prochaine rencontre biennale à Bergamo. Page suivante: Cercle des Bergamasques |
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