LA
MUSIQUE ADOUCIT LES MŒURS
Dans ses souvenirs édités à Paris en 1887 dans la
revue Rétrospective et sous titrés « Occupation et
Bombardement du Plateau d’Avron » un « Mobile » du
8ème Bataillon de la Seine fait un récit vivant et authentique
de ce qu’il a vécu durant ce dernier trimestre de 1870 .
Nous en avons extrait un certain nombre de passages dans les pages précédentes
. Dans le texte que nous reprenons ci dessous il nous raconte une situation
inattendue qui démontre bien qu’en tout homme il y a de la
sensibilité et de l’humanité .
Contexte ..
Poussé par la faim « notre mobile » se
livre avec ses camarades à quelques .. « expéditions
faîtes sans
ordre , dans un esprit d’aventure pour chercher des légumes
ou chasser….. » . Ces expéditions depuis le plateau d’Avron
avaient lieu à …Villemomble !Pour bien imaginer ce qu’il
nous décrit , précisons que
cela se passe exactement au pied de l’actuelle Rue d’Avron à Villemomble
ou il existait une église à la place du bâtiment qui
fait l’angle avec la Grande Rue. Villemomble était occupé par
les prussiens et les embuscades et escarmouches avec des éléments
avancés de nos troupes sont nomnbreuses et quotidiennes .
Il raconte :
«
…Malheureusement tous ne reviennent pas de ces excursions sains et saufs
et le général d’Hugues , qui commande notre division envoie
l’ordre le plus formel d’empêcher les hommes de descendre à Villemomble
: cette consigne est observée très rigoureusement par les avants
postes qui se montrent inflexibles …pour quelques temps .
Il vient de se passer un fait curieux que je ne peux omettre . L’église
de Villemomble est restée ouverte : y entre qui veut . Un de nos hommes
du 8ème , nommé Lamarre , prix du Conservatoire , s’est
mis à jouer de l’orgue . je ne sais pourquoi, d’autres
mobiles ouvrent les fenêtres ; puis Dufriche , également du
Conservatoire , mais de la classe de chant , entraîné par l’exemple
de son camarade , entonne un air religieux. En musicien consommé ,
Lamarre le suit et l’accompagne . Dufriche , se sentant soutenu , chante à pleins
poumons. Le gaillard a une voix superbe et déjà un joli talent
: tout le monde écoute le chant religieux , jusqu’aux Prussiens
qui nous observent de leur barricade . On n’entend plus un coup de
fusil. »
Il ne s’agit pas d’une situation isolée car plus loin
il complète son propos de la manière suivante laissant tout à fait à penser
que ces musiciens ont renouvelé « leur expédition » : « Ajoutons
que cette suspension d’hostilité a lieu chaque fois que nos
artistes se font entendre. »
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