DES DEFAILLANCES DANS NOS TROUPES

LES GARDES NATIONAUX PRENNENT PEUR

On enregistra des défaillances de nos troupes dans le cadre des affrontements menés sur le terrain face aux prussiens dans la reprise de positions au pied du Plateau d’Avron, ainsi qu’on le trouve relaté dans un rapport :
« …. Bien qu’ils fussent protégés par les bataillons de gendarmerie et couverts par le Plateau d’Avron , un grand nombre de gardes nationaux prirent peur à la seule appréhension du danger ; la pensée d’une attaque encore impossible , qui pourrait venir jusqu’à lui ,fit fuir d’abord au fort de Rosny , puis au glacis de l’enceinte et enfin jusque dans Montmartre même , le 200ème bataillon de la garde nationale.
D’autres bataillons montrèrent les même symptômes de découragement et d’épouvante et une partie des hommes qui la composaient se dispersèrent de tous les côtés . Le Général en chef dut même , dans l’intérêt de la discipline , demander l’autorisation de faire rentrer dans Paris ceux de ces bataillons qui par leur faiblesse , avaient donné le plus déplorable exemple … »

DES DOUTES …..

« …Que de choses ne racontait-on pas entre camarades , le soir , en fumant une pauvre pipe . La confiance était partie . La nouvelle de cette prochaine sortie fut donc accueillie avec une ardeur hésitante ; on n’y voyait que l’occasion de remuer un peu . Un sergent , qui tisonnait le feu dans une chambre sans fenêtre où il ne restait qu’un vase de fleurs artificielles sous son globe de verre , se tourna vers moi et d’une voix sèche il déclara : Où doit-on reculer demain ?
Ce mot sanglant traduisait les sentiments du soldat . il ne croyait plus à la victoire parce qu’il ne croyait plus aux chefs . Dans de telles conditions , les régiments marchent avec la déroute suspendue à la semelle de leurs souliers »

C’était le 20 décembre au soir avant que ce bataillon se mit en marche pour renforcer le dispositif militaire sur le Plateau d’Avron. Extrait du livre « Récit d’un soldat ».

UN TRAÎTRE FRANÇAIS

Dans le même moment un soldat français, un traître , se rendait à l’ennemi

« ….Les prisonniers que nous avions faits éclaircirent par leurs aveux certains détails de la lutte demeurés jusqu’alors inexpliqués pour nous . Nos pertes avaient été peu sensibles ; cependant une grand’garde , qui s’était égarée pendant la nuit avait fait fausse route vers le pont de Gournay ou l’ennemi l’avait enlevée. Mais un fait plus grave s’était produit : un officier du grade de lieutenant , nommé Schang, avait passé à l’ennemi , donnant à nos troupes par cette désertion qu’on ne saurait trop flétrir , un coupable exemple qui causa dans nos rangs des défaillances regrettables et qui doivent être attribuées en grande partie à l’action éternellement condamnable de cet officier … »

UN ESPRIT PATRIOTIQUE :

Mais fort heureusement la majorité des hommes ont le sens patriotique , tel ce soldat parisien qui rentre en repos chez lui , à Paris , à pieds et qui ne supporte pas d’être plus de 2 jours loin de ce Plateau qui résiste avec ses camarades aux prussiens et qui raconte :
« … Pendant les deux jours que je passe à la maison je veux me distraire en lisant les journaux ; tous racontent l’histoire à leur façon et inventent ce qu’ils ne connaissent pas, de sorte que , la nuit j’ai des cauchemars : je vois le plateau attaqué , le bataillon aux prises avec les Prussiens et moi absent. Je n’y tiens plus et reviens à Avron , ou je retrouve mes camarades au complet , sauf Lecomte , mon lieutenant , qui a reçu une balle à la jambe en allant chasser à Villemomble (*). Il y a eu ,pendant mon absence , une prise d’armes lors de l’attaque de Ville –Evrard ,ou le pauvre Général Blaise a trouvé la mort , fusillé à bout portant par des Allemands cachés dans les caves. »

(*) Villemomble , situé au pied et sur le versant Nord du Plateau d’Avron , était occupé par les prussiens et le Lieutenant était allé chasser non par plaisir ..mais pour se nourrir car la faimlétait au quotidien dans les troupes mal approvisionnées .

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