LES SERVITEURS DU SEMINAIRE DANS LE CHATEAU D’AVRON
Nous avons vu dans la page précédente que les « Solitaires » de la « Solitude d’Avron » comme on les désigne dans la Compagnie des Prêtres de Saint Sulpice ( autrement dit les Séminaristes du Séminaire d’Avron) étaient assujettis à un règlement très strict qui organisait toute leur vie spirituelle et matérielle du lever au coucher . Dans les « Remarques » qui complètent les articles du dit « Règlement Pour les Ecclésiastiques d’Avron » on relève au point 3 ) un allusion aux serviteurs : 3) « Le lendemain du jour ou l’on aura lu ( à table ) ,on ira à la cuisine faire la lecture spirituelle aux serviteurs une demie heure…….. ; et près cette lecture on lavera la vaisselle avec un des serviteurs….. Ces serviteurs ( du château et du séminaire ??) devaient également se plier aux obligations d’un règlement qui leur était propre et d’une grande rigueur ……. dénommé « Règlement pour les Serviteurs d’Avron » Ce règlement est loin des pratiques actuelles en matière de relation « employeur /employé » et du Code de travail 2007 ….ainsi que nous allons le voir ci après à la lecture des 28 Articles du dit règlement que nous reproduisons ci après .
REGLEMENT POUR LES SERVITEURS d’AVRON « 1) les serviteurs se confesseront au moins tous les mois. Lorsqu’ils entreront dans la maison (1) , celui qui a soin d’eux leur apprendra la manière de se bien préparer à faire une confession générale et lors qu’ils seront prêts,ils demanderont la permission d’aller faire .
« 2) tous les jours ouvriers (2) ils entendront la Messe qu’on leur dira après la prière du matin . Mais les dimanches et jours de fêtes ils l’entendront à l’heure la plus commode , selon que l’obéissance leur enjoindra et prendront garde à deux choses : 1°à venir aussitôt que la cloche sonne pour ne pas faire attendre le Prêtre et pour entendre la Messe en entier : et si la Messe était commencée ils en entendront une autre , 2° à n’attendre jamais sans grande nécessité à entendre la dernière Messe qui se dit ordinairement à 8 heures. 3) on leur fera en hiver deux ou trois fois la semaine une demi heure de lecture spirituelle dans quelques de livre de piété comme la Guide des Pêcheurs, le Mémorial de Grenade etc .. Mais après Pâques on la leur fera les fêtes et dimanches à 10h du matin 4) on leur fera aussi les fêtes et dimanches une instruction familière à laquelle tous assisteront après les vêpres qu’ils auront entendues. 5) on leur fera la prière soir et matin , surtout en hiver 6) on ne fera jamais coucher deux personnes ensemble dans un même lit 7) quand quelque personne étrangère viendra dans la Maison, on avertira aussitôt M. Le Supérieur ou celui qui tient sa place et s’il était dehors ou on le peut facilement trouver, on viendra l’en avertir. Que si on ne pouvoit on lui dit à son retour ceux qui étoient venus 8) immédiatement après le repas de 11 heures ,le cuisinier donnera quatre coups de cloche pour rassembler les serviteurs et ils se mettront incontinent à table. Que si dans quelque occasion extraordinaire ils ne pouvoient sitot s’y mettre , pour lors le cuisinier donnera encore deux coups de cloche celui des Messieurs (3) qui doit leur aller lire et laver la vaisselle qu’ils ne font que s’y mettre . S’il n’y a aucun des Messieurs à la cuisine pour dire le Bénédicité, le plus ancien des serviteurs le dira . 9) ils sortiront de table au plus tard trois quarts d’heures après le repas des Messieurs 10) on aura soin de tenir les portes de la maison fermées et le premier des serviteurs qui les verra ouvertes les fermera . 11)on prévoit de telle sorte les jours ouvriers ce qu’il y aura à faire, qu’il ne restera jamais aucun travail à faire les fêtes et dimanches 12) on ne porte point d’éclairage dans les granges , écuries ou autres lieux pareils,sans lanternes ce qui ne sera souffert pour quelque raison que ce soit. On fera durant le jour tout son possible pour ne rien laisser à faire le soir, si les serviteurs qui doivent coucher dans ces lieux là n’y porteront aucune lumière pas même avec des lanternes lorsqu’ils iront pour s’y coucher. On ne portera non plus dans la cour ni tifon ( ?) ni chandelle exposée au vent, en crainte du feu 13) on ne prendra rien dans la maison pour s’en servir sans permission , pas même du bois : mais on se servira de celui qu’on aura mis à la cuisine et on aura soin de ne pas le laisser brûler sans neufsile ( ?) 14) on ne donnera rien appartenant à la maison sans permission 15) on n’empruntera rien du dehors et on ne prendra rien à crédit,on ne fera rien pour la maison sans un ordre ou une permission expresse 16) on ne sortira point de la maison sans demander permission et dire pourquoi on sort et aussitôt qu’on sera de retour on en avertira aussitôt le Supérieur 17) celui qui ira à Paris en avertira le Supérieur immédiatement avant de partir et après avoir reçu ses commandements il partira aussitôt sans différer plus longtemps . 18) il aura soin de rentrer avant neuf heures du soir car s’il revenait plus tard on ne lui ouvrira pas la porte et on le traitera comme s’il avait découché. 19) le jour fini on portera tous les soirs les clés de la maison à Monsieur le Supérieur ou a celui qu’il aura nommé pour cela. 20) celui qui ira à Paris ne fera aucune commission ni voyage pour les Messieurs(3) ou les serviteurs sans avoir obtenu la permission . Il sera cependant très exact, aussi bien que tous les autres serviteurs , de bien parler toujours avec respect et chapeau bas. 21) les serviteurs ne donneront ni à boire ni a manger à aucun étranger , sans permission 22) on ne laissera non plus entrer aucun étranger dans la cuisine sans permission . Que si quelqu’un y doit entrer qu’on ne put facilement renvoyer, on en avertira aussitôt Monsieur le Supérieur. Pour ce qui concerne les serviteurs de la maison nul n’y entrera si ce n’est pour prendre son repas, ou s’il y entroit dans quelque autre raison( ?) ce ne sera que pour un moment et encore en cas de nécessité seulement. 23) en un mot on ne fera rien que par obéissance et avec permission 24) on ne retiendra point chez soi de mauvais livres. On n’ira point au cabaret ni autre lieu de débauche et public. Et si quelqu’un , ce qu’à Dieu ne plaise , buvoit , s’enivroit ,battoit , disoit des injures ou prononçoit des paroles sales ou impies ou commettoit quelque autre semblable faute qu’il sache qu’elles ne se souffrent point dans la maison et qu’on les obligera d’en sortir. Il est défendu , sous la même peine de coucher hors la maison d’Avron ou de Paris sans une permission expresse et hors le cas d’une grande nécessité. 25) enfin on s’occupera de ce pourquoi on est venu dans la maison, c’est à dire à servir Dieu et à travailler tout du bon à l’affaire de son salut en s’ employant aux ouvrages qui regardent la vie de la maison. C’est pourquoi on aura soin le matin en se levant de faire d’abord un acte de contrition avec des actes de foi, d’adoration , d’espérance, d’amour de Dieu et du prochain et d’offrir à Dieu toutes les actions de la journée et de renouveler cette offrande au commencement de chaque lever et en disant à Dieu : Mon Dieu c’est pour votre amour que je veux faire telle et telle action 26) si quelqu’un voyoit dans la maison quelque désordre ou quelque faute notable il en avertiroit Monsieur le Supérieur ou en son absence celui qui tient la place afin qu’il y apportat le remède convenable . 27) si quelqu’un des serviteurs avoit quelque mécontentement au sujet du boire , du manger ou de quelque autre chose que ce fut il en avertira humblement et en particulier Monsieur le Supérieur afin qu’il juge ce qu’il aura à faire . Mais de s’en plaindre à table ou devant les autres serviteurs c’est une faute qu’on ne sauroit tolérer dans la maison à cause des conséquences et des désordres qui ont accoutumé de suivre de telles plaintes. La maison doit être un lieu de paix et de concorde 28) comme on ne retient dans la maison aucun serviteur par force nous leur déclarons qu’il ont et auront la liberté de s’en aller quand ils ne seront pas contents, et on ne laissera pas de les payer selon qu’on sera convenu avec eux pourvu qu’ils en avertissent quinze jours devant. Mais aussi nous nous réservons de les pouvoir renvoyer quand nous voudrons ou que nous n’en serons pas contents. » NDLR : (1) « la maison » signifie le séminaire dans le langage des sulpiciens . En l’occurrence « la maison » était occupait une partie du Château d’Avron. Il y avait aussi la maison de Paris qui était à l’époque le séminaire de Vaugirard puis celui proche de l'église Saint Sulpice. (2) les « jours ouvriers » sont les jours on l’on travaille c'est-à-dire 6 jours sur 7 …le dimanche étant le jour des obligations religieuses , le jour du Seigneur. (3) les « messieurs » étaient les séminaristes sulpiciens , non religieux, destinés à devenir des directeur de séminaire |
|
|||