L’ABANDON D’AVRON : une débandade politico-militaire
AVRON POINT STRATEGIQUE Si l’abandon du Plateau d’Avron fut accueilli avec un grand soulagement par les soldats qui y ont connu de nombreuses souffrances , on a vu que les Prussiens n’ont jamais occupé les lieux . Dans certains documents d’époque il est signalé qu ’en fait ce plateau placé sous le feu croisé des batteries des forts de Nogent , Rosny et Noisy le Sec n’ intéressait pas véritablement l’ennemi , la position étant quasiment impossible à tenir militairement . Nos troupes en ont d’ailleurs fait l’amère expérience …..
Ce pourquoi les Prussiens s’intéressait au site , c’est qu’il constituait véritable un obstacle dans leur marche vers Paris et qu’il fallait le « neutraliser » en évitant qu’il soit occupé par les troupes françaises . En ayant fait reculer nos troupes de ce point qui était bien un point stratégique pour peu que « nos militaires et nos politiques » eussent été cohérents dans leurs décisions , les Prussiens s’il l’avait voulu auraient fort bien pu livrer une offensive d’occupation en mettant leurs forces en action au lieu de se livrer à quelques toutes petites tentatives sur un lieu abandonné par nos troupes . Ce qui les intéressait c’était de ne pas avoir d’obstacle dans leur avancé sur Paris… L’ARMISTICE SOLLICITEE Un regard dans un livre d’histoire de la France relatant de façon un peu détaillée la période 1870/1871 permet de constater combien la France se débattait dans un imbroglio politico-militaire…et que la position prise concernant le Plateau d’Avron témoigne s’il en était besoin du peu de sérieux des hommes publiques comme des militaires. La déroute militaire , l’agitation parisienne et la menace de famine qui pesait sur la capitale ont contraint le Gouvernement de Défense Nationale ( c’était son appellation…) à solliciter l’armistice … peut-être un peu hâtivement car les Allemands commençaient à s’interroger sur la nécessité de cette guerre qui leur avait déjà rapporté l’Alsace te la Lorraine… Donnant suite à cette demande des autorités françaises le cessez le feu eut lieu le 26 Janvier 1871 à 21h20 et l’armistice fut officiellement signée à Versailles le 28 Janvier 1871…. Le traité de Francfort réglant les conditions de la paix fut signé en Mai 1871 et les troupes prussiennes quittèrent le territoire national en …1873 en ayant récupéré le Nord de la Lorraine et l’Alsace . Pour le reste …nous vous invitons à vous reporter aux livres d’histoire , notre propos n’étant que de parler de l’épisode de cette guerre sur le Plateau d’Avron . SE DONNER BONNE CONSCIENCE !! Même après cet armistice les militaires continuèrent à vouloir se donner bonne conscience concernant l’abandon du Plateau d’Avron . Ainsi le Général Vinoy qui avait été l’un des décisionnaires de l’abandon , écrivait en 1872 dans son livre à propos du 29 Décembre 1871 : « …. Il ( l’ennemi) continua cependant a canonnade sur les positions de l’Est ,mais en restreignant son intensité à ce point que le 26 Janvier (1871) , jour de la cessation du feu , il n’était pas plus avancé que le 29 Décembre v ( 1870) , date de son commencement . Ce résultat contribua à démontrer le peu de désavantage qui résulta pour la défense de Paris de l’abandon du Plateau d’Avron. Le gouverneur ( de Paris) ayant renoncé à renouveler de ce côté la grande sortie qui avait été tentée fin novembre ( bataille de Champigny ) , l’occupation d’Avron n’avait plus d’importance…. » C’est ce qu’on appelle réécrire l’histoire pour se donner bonne conscience à posteriori de la prise d’une décision discutable …. Il reconnaissait néanmoins que tous les moyens n’avaient pas été mis sur Avron en ajoutant plus loin dans son récit : « … mais en présence d’une attaque de l’ennemi que l’insuffisance des moyens de défense du plateau empêchait de repousser , son évacuation était devenue d’autant plus nécessaire que sa possession ne nous était d’aucune utilité. » LES PARIAS DU PLATEAU…. Après cet abandon du Plateau d’Avron …. « qui n’était plus d’aucune utilité » d’après le général Vinoy , tout ne fut pas simple pour ceux qui y avaient combattu et qui dans la débandade voulaient rentrer chez eux , comme l’écrit un garde mobile dans ses souvenirs : « …bien décidés à entrer dans Paris ,pour informer nos familles et les rassurer sur notre propre compte. A la barrière nous trouvons plus de 200 mobiles ; la porte nous est impitoyablement refusée , faute de permission . Deux vieux gardes nationaux sont chargés de la consigne . Nous appelons « colimaçons de remparts » et ils nous ripostent en nous traitant de « fuyards du Plateau d’Avron » Voilà comment on nous reçoit , après plusieurs jours de souffrance , sous un bombardement que des officiers de marine présents en Crimée ont qualifié devant nous de « terrible » … Une voix intérieure nous dit que nous avons fait notre devoir : cela nous suffit. » Voilà comment ont été traités ceux qui avaient tenu le Plateau d’Avron pour bloquer l’ennemi dans sa marche sur Paris . Décidément cette page d’histoire de la France n’aura pas été glorieuse à plus d’un titre ….
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